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MERLETTER - décembre 2023

Une mauvaise interprétation de l'inflation annuelle glissante est-elle à l'origine de la hausse des marchés de cette fin d'année ?

Le 14 décembre 2023, la Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé de maintenir pour la seconde fois d’affilé ses taux directeurs motivée par le ralentissement de l’inflation dans la Zone Euro.

L’inflation avait connu son apogée en octobre 2022 en atteignant 10.6% suite au confit en Europe de l’Est qui a fait s’envoler le prix de l’énergie et des matières premières. Un an plus tard, en novembre 2023, l’inflation s’est effondrée à 2.4%.

Dans le même temps, la BCE a revu à la baisse ses anticipations d’inflation pour l’année 2024, aux alentours de 2.7%.

Il est courant de suivre mois après mois, en glissement, l’évolution de l’inflation sur l’année passée pour former ses anticipations sur l’environnement économique et financier à venir : le recul de l’inflation annonce probablement un contexte favorable, et inversement.

A l’issu d’un cycle de tension, cette formation d’anticipation en glissement est erronée car l’inflation intègre un scénario favorable lié au retour à la situation initiale qui sera mécaniquement neutralisé le mois suivant par la disparition du prix en tension.  La distribution de cet indicateur est alors par construction fortement discontinue.

Les composantes et le suivi de l’inflation communiquée par la BCE

Un indice de prix à la consommation permet de suivre au fil du temps le prix d’un panier de biens et de services.

Le panier retenu par la BCE est composé de :

  • Services : 45% 
  • Biens industriels hors énergie : 25%
  • Energie : 10%
  • Alimentation, alcool & tabac : 20%
 

Un mois donné, l’inflation annuelle s’obtient par la comparaison entre le prix de ce panier ce mois-ci et le prix de ce même panier douze mois auparavant.

La répétition chaque nouveau mois de cette comparaison sur l’année passée permet de construire l’historique d’inflation annuelle glissante communiquée par le BCE, dont voici les trois dernières années :

L’atténuation du risque en fin de cycle de tension par l’inflation glissante

En novembre 2022, l’inflation de 9.6% était le résultat d’une inflation importée de 35% du prix de l’énergie et de 14% de l’alimentation.

Un an plus tard, en novembre 2023, cette inflation importée est en grande partie absorbée. Le prix de l’énergie retrouve son niveau initial et affiche donc une inflation négative à -11.5%. L’inflation globale retombe à 2.4%.

Prenons l’hypothèse que le prix de l’énergie se stabilise sur l’année 2024 et que les autres composantes de l’inflation se maintiennent au même niveau :

La sortie des douze derniers mois du point haut du prix de l’énergie créée une discontinuité qui augmente l’inflation de 1.5% (près de 4.0% au lieu de 2.4%), alors même que l’énergie ne représente que 10% du panier :

La remise en cause de l’inflation anticipée par la BCE

Les deux principales sources d’inflation pour l’année 2024 sont :

  • L’inflation importée : son retour à la normale augmentera l’inflation de 2.5% à 3.0% (dont 1.5% d’énergie) en tenant compte de l’intégralité des composantes et notamment les biens industriels qui pèsent 25% du panier
  • Les revalorisations salariales qui s’affichent autour de 4% à 5%, auxquelles s’ajoute le coûts de la baisse des gains de productivité liés à l’augmentation de l’absentéisme et de la baisse de la qualité des recrutements en contexte de chômage bas.

Le scénario de baisse de l’inflation de la BCE en 2024 à 2.7% semble, dans ces conditions, peu probable.

Des anticipations de baisse des taux qui expliquent la forte hausse du cours des actions et des obligations

Les communications de la BCE autour de la baisse de l’inflation observée fin 2023 et attendue fin 2024 laissent entendre au marché que le cycle inflationniste atteint bientôt son terme. 

Le marché anticipe donc une baisse des taux directeurs courant 2024, ce qui explique la forte demande depuis le mois de novembre sur les actions/obligations avec la perspective que leurs cours se valorisent courant 2024 par gain de compétitivité de leurs dividendes/intérêts par rapport aux intérêts générés par les nouvelles obligations émises en 2024 à des niveaux plus bas.

Ce renforcement de la demande s’est traduit sur les deux derniers mois par une hausse de 10% du cours des actions et des obligations ainsi qu’une baisse du taux 10 ans Français de 3.5% à 2.5% :

Un investisseur achetant aujourd’hui une obligation de long terme à un taux de rendement faible (2.5% pour l’OAT française au 20.12.23) pourrait, en cas d’erreur sur son anticipation de baisse de l’inflation, se retrouver coincer avec un titre générant des intérêts en deçà de l’inflation et des nouvelles obligations émises. Ce qui génèrera mécaniquement une moins-value autour de 10% – 20% sur une longue période.

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